[Ode à Raymond Devos]
Il paraît que l’une des tendances majeures de 2022 est l’anti-design et l’anti-communication on n’en parle ?
J’étais sur un appel d’offre rempli d’acronymes, dans un secteur que je commence pourtant à bien connaître : la transition écologique.
J’avais échappé à tous les pièges : la TE qui peut signifier à tour de rôle Transition Écologique ou Transition Énergétique (pas exactement la même chose en pratique !), l’OPERA qui n’a rien à voir avec la musique (Observatoire PErmanent de la RAdioactivité de l’environnement). Signalons au passage que non : un acronyme ne se limite pas nécessaire à la PREMIERE lettre… mais peut en prendre deux…. Comme ça… par simple décret auto-proclamé et ne même pas s’intéresser aux derniers items de l’acronyme….
Bref, voilà, je m’étais sortie des ORTHI (Outil de Repérage et de Traitement de l’Habitat Indigne) et autres anglicismes, et là -bêtement j’ai envie de dire- je bloque… Je bloque sur un acronyme qui ne correspond à rien du tout : YC. Il est pourtant répété de nombreuses fois au milieu des autres acronymes… Il surnage même pourrait-on dire.
Oui, le champ sémantique de l’eau a sa raison d’être ici : avec ma culture de voileuse, pour moi, un YC est un Yacht Club… (j’habite en bord de mer). Rien à voir avec l’écologie me dire-vous. Mais d’un autre côté, sur le précieux site de la DREAL de Bretagne, qui référence tous les acronymes liés à l’écologie, il n’y a même pas un seul acronyme qui commence Y…
Bon, bon… le ridicule ne tuant point, je me fends d’une petite question auprès de l’acheteur public.
Et là, la réponse tombe…
YC est l’acronyme de… « Y COMPRIS ».
Sur le coup, le rouge me monte aux joues… LA HONTE !
Puis finalement, ça se transforme en colère froide. Non d’un guillemet ! Je viens de perdre 3 heures pour un Y Compris………… Les acronymes n’ont-ils pas été inventés pour nous faire GAGNER DU TEMPS ? Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond !
Outre le comique de situation, façon tarte à la crème « je suis vraiment trop cruche ! », cet état de fait interroge. L’objectif d’une communication (et un appel d’offre ou un cahier des charges en font pleinement partie) est de faire passer des messages, d’en faciliter la transmission et la compréhension. Si les acronymes font perdre du temps à nos interlocuteurs, ralentissent leur perception ou engendrent des contre-sens liés à leur polysémie : de grâce ! Arrêtons l’hémorragie.
Nous devons absolument lutter contre cette tendance extrêmement snob de ne communiquer qu’à son propre cercle métier. Limitons -tant que faire se peut- les acronymes, néologismes, et anglicismes et revenons à une communication plus basique. Gardons la difficulté intellectuelle pour des nuances conceptuelles un peu plus pertinentes que le Y Compris.