Ce qu’il faut retenir

  • La bioéconomie est un concept développé par l’économiste et mathématicien roumain (émigré aux Etats-Unis) Nicholas Georgescu-Roegen dans son livre The Entropy Law and the Economic Process (1971). L’auteur y développe la thèse selon laquelle la croissance perpétuelle n’est ni possible ni supportable car le développement économique s’oppose aux lois biophysiques de notre planète.
  • Les travaux de Nicholas Georgescu-Roegen servent actuellement de socle théorique à de nombreuses recherches sur la décroissance.

 

Fiche n°1
Le concept de bioéconomie de Georgescu-Roegen

Aurèle TRANCHANT – Emilie TRANCHANT  – Date de publication : 23 Août 2024 – MAJ : 16 septembre 2024

Comprendre le concept en 1’ chrono

La bioéconomie est un concept développé par l’économiste et mathématicien roumain (émigré aux Etats-Unis) Nicholas Georgescu-Roegen dans son livre The Entropy Law and the Economic Process (1971). L’auteur y développe la thèse selon laquelle la croissance perpétuelle n’est ni possible ni supportable car le développement économique s’oppose aux lois biophysiques de notre planète.

Nicholas Georgescu-Roegen s’oppose aux perceptions conventionnelles de la croissance qui voudraient que la croissance soit potentiellement sans limite. Pour lui, l’économie est un processus issu de la nature qui en porte intrinsèquement les mêmes caractéristiques. Elle est notamment soumise aux lois de la thermodynamique et, à ce titre, ne pourra pas outrepasser les limites de la physique. La logique de la croissance économique est limitée par la seconde loi de la thermodynamique, dite «loi de l’entropie», qui stipule que «toute transformation d’énergie engendre une dégradation irréversible de ladite énergie et la rend inapplicable à une utilisation future ». En d’autres termes : toute activité économique requiert par nature de l’énergie et des ressources naturelles, et par nature cette énergie et ces ressources naturelles ne pourront pas être entièrement recyclées.

L’économie doit donc repenser la voie de croissance en question tout en considérant les aspects environnementaux de la bioéconomie et en repensant ses modèles de production et de consommation.

Pour Nicholas Georgescu-Roegen « en ignorant l’entropie, l’économie moderne se condamne à détruire le capital naturel dont elle dépend pour survivre. ».

 

Faire le point sur le champ conceptuel connexe

Thermodynamique : branche de la physique qui étudie les relations entre la chaleur, l’énergie, et le travail. La thermodynamique s’intéresse à la manière dont l’énergie est transformée et transférée entre différents systèmes, ainsi qu’aux lois fondamentales qui régissent ces processus.

Entropie : mesure de l’ordre ou du désordre d’un système. Selon la deuxième loi de la thermodynamique, l’entropie d’un système isolé tend à augmenter avec le temps, ce qui signifie que les systèmes naturels évoluent vers un état de désordre maximal.

Cornucopien : le terme « cornucopien » provient du mot « cornucopia » (corne d’abondance), un symbole mythologique représentant une source inépuisable de nourriture et de richesse. Il fait référence à un groupe de pensée ou à une attitude qui croit fermement en la capacité des avancées technologiques et de l’ingéniosité humaine à surmonter les limitations physiques et environnementales, comme la rareté des ressources.

 

Connaître l’historique du concept

Georgescu-Roegen a évoqué pour la première fois ce concept dans les années 1970, mais il y travaillait depuis bien plus longtemps. Il a été influencé par les travaux de deux chercheurs :
Rudolf Clausius, qui a développé la seconde loi de la thermodynamique,
– et
Alfred Lotka, qui a tenté d’appliquer lesdits principes aux sciences biologiques.

Il a intégré les études de ces chercheurs dans sa critique du modèle économique conventionnel qui est basé sur l’innovation et la substitution. Dans The Entropy Law and the Economic Process, il démontre que ce point de vue est non seulement naïf, mais également extrêmement dangereux. La question qu’il pose est claire : comment une croissance économique illimitée se concilie-t-elle avec les limitations biophysiques de la planète ?

Connaître l’historique du concept

Georgescu-Roegen a évoqué pour la première fois ce concept dans les années 1970, mais il y travaillait depuis bien plus longtemps. Il a été influencé par les travaux de deux chercheurs :
Rudolf Clausius, qui a développé la seconde loi de la thermodynamique,
– et
Alfred Lotka, qui a tenté d’appliquer lesdits principes aux sciences biologiques.

Il a intégré les études de ces chercheurs dans sa critique du modèle économique conventionnel qui est basé sur l’innovation et la substitution. Dans The Entropy Law and the Economic Process, il démontre que ce point de vue est non seulement naïf, mais également extrêmement dangereux. La question qu’il pose est claire : comment une croissance économique illimitée se concilie-t-elle avec les limitations biophysiques de la planète ?

Se situer dans le débat

> Qui sont les partisans aux thèses de Georgescu-Roegen ?

Les idées de Nicholas Georgescu-Roegen ont influencé plusieurs penseurs et mouvements.

Herman Daly, un économiste connu pour avoir développé et promu l’économie écologique. Il est l’un des principaux défenseurs de l’idée d’une « économie stationnaire », qui cherche à stabiliser la population et la consommation des ressources naturelles à des niveaux durables.

Serge Latouche, un économiste et sociologue français. Il est l’un des principaux théoriciens du mouvement de la décroissance. Il plaide pour une réduction volontaire de la production économique afin de préserver l’environnement et améliorer la qualité de vie.

Tim Jackson, l’auteur du livre Prosperity Without Growth. Il soutient que la poursuite de la croissance économique n’est plus compatible avec la durabilité écologique. Bien que ses idées soient plusmodérées que celles de Georgescu-Roegen, elles s’inspirent néanmoins de l’idée que les limites planétaires doivent être respectées.

Joan Martínez-Alier, un économiste écologiste espagnol. Il est promoteur des idées de Georgescu- Roegen dans le contexte de la justice environnementale et de l’économie écologique. Il a contribué à diffuser les concepts de bioéconomie et d’entropie dans le débat académique.

Le mouvement de la décroissance, mouvement social et politique, qui s’inspire largement des travaux de Georgescu-Roegen. Les partisans de la décroissance plaident pour une réduction contrôlée et équitable de la production et de la consommation afin de respecter les limites écologiques de la planète.

Jean Gadrey, économiste français, qui a également adopté et promu les idées de décroissance et de soutenabilité, inspirées par les travaux de Georgescu-Roegen.

> Qui sont les opposants aux thèses de Georgescu-Roegen ?

Nicholas Georgescu-Roegen a souvent été en opposition avec des penseurs et économistes classiques qui croyaient en la possibilité d’une croissance économique infinie et d’une exploitation continue des ressources naturelles. Ces derniers considéraient ses thèses comme trop pessimistes ou irréalistes dans un monde où la technologie et l’innovation sont vues comme des solutions aux problèmes environnementaux

Voici quelques groupes de penseurs ou courants qui ont souvent divergé de ses idées :

Les économistes néoclassiques. Ils croient généralement en l’efficacité des marchés et en la possibilité de substituer les ressources naturelles par d’autres technologies ou innovations. Ils estiment souvent que la croissance économique peut continuer indéfiniment grâce à la technologie et à l’innovation.

Les technocrates et cornucopiens qui sont convaincus que les avancées technologiques permettront de surmonter les limitations imposées par la nature, y compris les limites des ressources naturelles. Ils croient en la capacité humaine à résoudre les problèmes environnementaux par l’innovation.

L’économiste Julian Simon, souvent cité comme opposé aux thèses de Georgescu-Roegen. Simon était optimiste sur les ressources et un défenseur de l’idée selon laquelle l’ingéniosité humaine permettrait de surmonter toute pénurie de ressources. Il est connu pour son pari avec Paul Ehrlich, dans lequel il affirmait que les ressources naturelles deviendraient moins chères avec le temps.

Milton Friedman et les économistes libéraux ont également souvent promu des politiques de croissance économique sans beaucoup d’égard pour les limites environnementales. Ils se sont concentrés sur la croissance du PIB comme un objectif majeur, souvent en contradiction avec les idées de durabilité mises en avant par Georgescu-Roegen.

 Se projeter

Pourquoi et/ou comment avoir recours au concept de bioéconomie dans votre activité de conseil ?

>> Dans le cadre de vos activités de sensibilisation :

  • Pour trouver des arguments à opposer aux approches scientistes, selon lesquelles la technique et

    l’innovation vont nécessairement nous permettre de dépasser les problèmes écologiques actuels. Pour la seconde de l’entropie : ni la science, ni l‘économie ne pourront pas outrepasser les limites et les lois physiques de notre univers

  • Pour resituer le débat écologique dans le temps (permet de rappeler à son auditoire que l’’écologie n’est pas un concept récent : l’auteur est en désaccord avec les modèles dominants et exprime son désespoir sur les années à avenir, à l’instar des penseurs du Club de Rome, qui publient en 1972 le rapport Meadows « The limits of growth »).

  • Pour apporter des arguments supplémentaires et expliquer les théories autour de la décroissance

  • Pour varier ses références et ne pas toujours citer l’incontournable et populaire « Monde sans fin » de

    Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici / Situer cet ouvrage dans une lignée de penseurs plus large.

>> Dans le cadre de vos activités de promotion de la durabilité dans l’industrie et de l’agriculture (plaidoyer), pour aborder les thématiques suivantes :

  • Intégration de matériaux et produits biosourcés

  • Promotion des circuits courts et de l’économie circulaire.

  • Mise en place d’une agriculture régénérative.

  • Valorisation des déchets organiques.

  • Promotion des labels et certifications

>>Dans le cadre de vos activités de conseil relatives aux politiques publiques

  • Pour l’élaboration de politiques de soutien (Exemple : promouvoir des subventions pour les énergies renouvelables ou des incitations fiscales pour les entreprises utilisant des matériaux

    durables).

  • Pour sensibiliser et former à la bioéconomie les décideurs et le grand public

  • En favorisant la collaboration intersectorielle et les partenariats Public-Privé : (Exemple : des

    projets de recherche commune ou des programmes de développement durable à l’échelle régionale).

>> Dans le cadre de vos activité marketing

  • En analysant ce que propose le marché et notamment les nouvelles technologies :

  • En analyse des cycles de vie de manière critique davantage de pratiques bioéconomiques.

Une stratégie sans action est un rêve, une action sans stratégie est un cauchemar.

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